Messages d'anniversaire et souvenirs à l'occasion du 70e anniversaire de Júlia Klaniczay, cofondatrice d'Artpool  ◼︎  Birthday messages and memories on the occasion of the 70th birthday of Júlia Klaniczay, co-founder of Artpool

Charles Dreyfus Pechkoff

English translation

Pour Julia

Atteindre l’âge de Julia, ce serait pour moi performer un rétropédalage dont il me plaît de taire l’effort, une vraie jeunesse cette Julia Klaniczay. Mes souvenirs avec Julia et György Galántai restent vivants, même s’ils datent des années quatre vingt dix*. Dans l’ordre chronologique ma participation au projet d’Artpool, pour les 30 ans de Fluxus avec les Flux Flags du 25 septembre au 11 octobre 1992. Lorsque j’ouvre le site d’Artpool je constate ébahi l’extraordinaire attention portée à Fluxus. Quoi de plus stimulent alors que j’ai commencé un doctorat sur Fluxus en 1973, et que la nébuleuse internationale ne m’a jamais quittée...j’ai fêté ses 60 ans à Genova. Je retrouve mon drapeau Liszt Ferenc Square, merveilleusement placé à un balcon situé au premier étage d’un gracieux immeuble (sur le site d’Artpool). Sur une autre photographie, plus libre sur un fil devant un arbre que je suppose planté sur les Champs-Élysées de Budapest.
Le père de l’un de mes amis René Journiac, était en charge pour la présidence de la République Française des Affaires Africaines. Il avait été impliqué pour la cérémonie du couronnement de l’empereur de Centrafrique par la volonté du peuple centrafricain, uni au sein du parti politique national, Bokassa 1^er en 1976. J’avais hérité d’un tissu où l’on pouvait voir une couronne toute semblable à celle de Napoléon 1^er et parmi d’autres ornements la citation Vive l’empereur Bokassa 1^er vive l’impératrice Catherine, l’une de ses 17 femmes. Du flux-politique tout craché. Mon drapeau je l’ai retrouvé à Marseille qui accompagnait Julia et György pour l’exceptionnelle exposition Poésure et Peintrie, alors que notre ami cher Julien Blaine était l’élu à la culture de cette ville. A cette occasion une photo de Julia, György, Julien, le regretté Sarenco et moi-même, avec derrière nous le tissus du couronnement.

Lors de mon voyage à Budapest en 1995, il y a presque trente ans, j’ai certainement du faire le passage obligé à Artpool, et Julia venir voir ma performance au Culturel Center of Almassy Tér. J’étais monté, au péril de ma vie, accrocher une poupée gonflable très très haut au plafond. Tibor Papp m’avait informé du caractère prude des hongrois ; lui-même avait écrit un poème - pour l’Institut français de Budapest - comportant un nombre invraisemblable de termes salaces. Julia la même année n’a pu que se déplacer pour Transart Communication 3, à Nové Zamky, dans la toute proche Slovaquie. Me voir une fois de plus performer, et être entourée des nombreux créateurs que je retrouverai à travers le monde ça et là.

Entre 1995 et 1997 je vivais au 12 rue Bonaparte à Paris dans une minuscule chambre de bonne, environ douze mètres carrés, adjacente à l’Ecole nationale des Beaux-arts. S’y trouvait mon lit à deux places. Il n’y avait que deux centimètres entre l’extrémité de la porte et ma couche. Lorsqu’on ouvrait la porte, à droite de quoi chauffer un repas puis la baignoire, à gauche le lit. Julia et György ont connu cet endroit. Si mes souvenirs sont exacts, j’ai même réussi à leur donner quelques documents qu’ils se feront un plaisir de vous commenter, si vous avez la chance d’être à Artpool. Quelle chance vous avez…

Bon anniversaire Julia. Quel travail fantastique, quelle endurance surhumaine vous avez chère Julia, cher György, plus que des modèles, vous êtes LE MODÈLE PAR EXCELLENCE. Merci infiniment et encore bon anniversaire Julia.

Charles Dreyfus Pechkoff
(2024)

* En réalité, cela remonte à bien plus loin: Charles figurait déjà sur notre liste d'adresse depuis la création d'Artpool et nous nous sommes rencontrés en personne à Paris en 1982 lors de l'Artpool Art Tour, où nous avons échangé des publications (JK, mai 2024).

l'original français

To Julia,

To reach Julia’s age, I should go back in time, which is an effort I’d rather give a miss because Júlia Klaniczay is youth embodied. I still cherish vivid memories of Júlia and György Galántai, despite them going all the way back to the nineties*. Chronologically, the first one is linked to my participation in Artpool’s “Flux Flags” project from 25 September to 11 October 1992, organised to mark the 30th anniversary of Fluxus. When I open the Artpool website, I’m surprised by the extraordinary attention devoted to Fluxus. What could be more encouraging than this, especially because I started working on my doctoral research on Fluxus in 1973 and this international fog never lifted from my life... I celebrated the 60th anniversary in Genoa. I can see, yet again, (on Artpool’s website) my flag displayed on Liszt Ferenc Square, beautifully placed on a first-floor balcony of a graceful building. In another picture, the flag is freer, on a wire, in front of a tree, presumably on the Champs-Élysées of Budapest.
René Journiac, the father of one of my friends, was in charge of African affairs working for the president of the Republic of France. In 1976, he took part in the crowning ceremony of the emperor of the Central African Republic, Bocassa I, in accordance with the will of the Central African people united in the country’s national political party. I was given a textile as a gift, decorated by a crown that is very similar to that of Napoleon I, and besides other motifs, bearing the inscription Long live Emperor Bocassa I and Empress Catherine (Catherine was one of the emperor’s 17 wives). A spitting image of political Fluxus.
I saw my flag again in Marseille, where Júlia and György took it for the exceptional Poésure et Peintrie exhibition, when our dear friend Julien Blaine was the city’s cultural councillor. On this occasion, a photo was taken of Júlia, György, Julien, the late Sarenco and me, with the coronation textile behind us.

When I visited Budapest in 1995, almost thirty years ago, I obviously went to Artpool, and Júlia came to see my performance in the Cultural Centre on Almássy Square. Risking my life, I hung an inflatable doll on the ceiling, climbing really very high. Tibor Papp told me about the prudery of Hungarians, and he also wrote a poem – for the French Institute of Budapest – which was incredibly full of swearwords. In the same year, Júlia was only able to travel to Transart Communication 3, held in nearby Slovakia, in Nové Zamky, to be able to see my performance again and to be surrounded by the many artists who I meet here and there when I am travelling around the world.

From 1995 to 1997, I lived at rue Bonaparte 12 in Paris, in a tiny room of about twelve square metres, in the vicinity of the École Nationale des Beaux-Arts. I had my double bed there. There were only two centimetres between the end of the door and my bed. If anyone opened the door, there was a space for warming up food to the right, then the bath, and the bed to the left. Júlia and György knew this place. If I know well, I managed to hand over a few documents to them, which they will be happy to tell you more about if you go to Artpool. How lucky you are... Happy birthday, Julia. What remarkable work, what superhuman endurance, dear Júlia, dear György. You are more than role models; you are ROLE MODELS PAR EXCELLANCE. Thank you and happy birthday again, Júlia.

Charles Dreyfus Pechkoff
(2024)

* To much earlier, actually: Charles has been on our mailing list from the time of Artpool’s foundation and we met in person and exchanged publications in Paris in 1982, during the Artpool Art Tour. (JK, May 2024)